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HISTOIRE DU TANGO - Astor Piazzolla
Bordel 1900
Le tango naît à Buenos-Aires en 1882; les premiers instruments à le jouer sont la guitare et la flûte. Par la suite, s'y ajoutent le piano puis le bandonéon. C'est une musique pleine de grâce et de vivacité : elle donne l'image de la bonne humeur, de la façon des Françaises, des Italiennes et des Espagnoles qui vivent dans ces bordels, aguichant policiers, voleurs, marins et mauvais garçons qui leur rendent visite. Le tango est gai.
Café 1930
C'est une autre époque du tango. On cesse de le danser comme en 1900 et l'on se contente désormais de l'écouter; il devient plus musical, plus romantique aussi. C'est une transformation radicale: mouvement plus lent, harmonies nouvelles, beaucoup de mélancolie. Les orchestres de tango se composent de deux violons, deux bandonéons, un piano et une basse. On chante parfois.
Night-club 1960
Cette période pendant laquelle s'accroissent considérablement les échanges internationaux voit une évolution nouvelle: le Brésil et l'Argentine se retrouvent à Buenos-Aires. Bossa nova et nouveau tango, "même combat". Le public accourt dans les night-clubs pour y écouter avec sérieux le nouveau tango. Révolution, profond bouleversement de certaines formes du vieux tango.
Concert d'aujourd'hui
La musique de tango rejoint, par certain concepts, la musique nouvelle. Réminiscenses de Bartok, Stravinsky et quelques autres sur fond de tango. C'est le tango d'aujourd'hui, le tango de l'avenir... " Astor PIAZZOLLA (1987)
ASTOR PIAZZOLLA : CE QUI VIENDRA
Polémique, arbitraire, ayant le goût de la controverse et des coups de génie, Astor Piazzolla incarne la différence, la nouveauté, le changement. S'efforcer d'extraire les émotions, les sensations, l'essence même d'une ville devait lui sembler au début un travail de Titan. Et ce l'était. Mais Piazzolla, contre vents et marées, s'était proposé de changer les normes de la musique de Buenos Aires, et pour mener à bien cette tâche de rénovation constante et d'expérimentation quotidienne, Il a élabore une oeuvre sur un terrain qui pour beaucoup n'est plus du tango, mais qu'ont respectée des rénovateurs comme Julio De Caro, Oscar Maderna Ou Horace, Salgan., 'J'en ai assez que tout le monde me dise que ce que je fais n'est pas du tango. Moi, comme je suis fatigué, je réponds que je fais de la musique de Buenos Aires. Mais la musique de Buenos Aires, qu'est-ce que c'est ? Du tango. Alors ce que je fais c'est du tango'. Piazzolla fit cette déclaration à une radio de Buenos Aires en 1963. La polémique battait son plein. Les traditionalistes considéraient que c'était une hérésie que de mentionner le nom de Piazzolla et les critiques attachés aux modèles canoniques multipliaient leurs diatribes. Mais le petit groupe d'adeptes de Piazzolla suivait le maître dans les cafés où une clientèle homéopathique se moquait de l'ignorance de ses détracteurs.
Astor Piazzolla est né à Mar del Plata en 1921. A l'âge de quatre ans il émigra à New York avec ses parents. II avait neuf ans lorsque son père lui fit cadeau d'un bandonéon qu il avait acheté dix-huit dollars dans un magasin du port de New York. Piazzolla dut se mettre à l'étude. De mauvais gré car il s'intéressait au jazz et le bandonéon ne lui semblait guère approprié à ce genre de musique. Il prit quelques leçons de solfège et d'instrument. Puis il continua de se former avec Terig Tucci et Bela Wilda, qui avait été l'élève de Rachmaninov. A treize ans le jeune Astor Piazzolla dominait très bien le bandonéon et les producteurs de Et dia que me quieras l'engagèrent pour jouer dans l'orchestre qui accompagnait Gardel dans le film, où il apparaissait aussi dans un petit rôle de vendeur de journaux.
Lorsque la famille rentra en Argentine, elle s'installa à Buenos Aires. Piazzolla commença à jouer dans divers orchestres aujourd'hui oubliés, travailla avec Miguel Calo puis comme bandonéoniste d'Anibal Troilo, place qu'il n'occupa qu'après avoir convaincu Pichuco qu'il connaissait tout son répertoire par coeur. Dans le même temps, il écrivait des arrangements et perfectionnait sa formation avec Alberto Ginastera. En 1944 il quitta l'orchestre de Troilo pour diriger celui qui accompagnait Francisco Florentin.
Il écrivit la musique de plusieurs films et une fois son propre ensemble dissous il se consacra à l'orchestration et travailla pour divers chefs d'orchestre dont il se sentait proche Jose Basso, Miguel Calo et Francini-Pontier. A propos de cette époque et des arrangements qu'il avait écrits antérieurement pour Anibal Troilo, Piazzolla déclara dans le Iivre d'interviews que lui a consacré Alberto Speratti "Moi je n'ai jamais aimé les danseurs. Ce qui comptait c'était de voir la tête que faisaient les musiciens en jouant. S'ils faisaient une drôle de tête, c'était mauvais signe. Si cela leur plaisait, alors j'étais heureux.` Sur le conseil de Ginastera il présenta sa Symphonie de Buenos Aires au concours de Fabian Sevitzky à la radio del Estado. Il gagna le concours et l'oeuvre fut dirigée par Sevitzky lui-même dans le grand amphithéâtre de la faculté de droit.
La première audition fut un véritable scandale car Piazzolla avait osé introduire des bandonéons dans une oeuvre de musique classique, ce que les oreilles bien dressées ne pouvaient admettre.
Il fut un temps où Piazzolla écrivait pour étonner Aujourd'hui, au-delà des réitérations propres à une oeuvre abondante et continue, il n'est pas exagéré de dire que l'on ne cesse d'être surpris en découvrant un morceau de ville chaque fois que l'on écoute sa musique. Et à chacun, alors, d'apposer ses propres souvenirs sur ce rythme vigoureux et agité, qui dessine des mélodies dont l'architecture a son corrélat dans le magnifique damier qu'est la ville de Buenos Aires.
Extrait de "LE TANGO" par Horacio Salas (Actes Sud - Hubert Nyssen éditeur)
Hélas je n'ai pas trouvé ce Live, sur le net, où Astor Piazzolla interprétait cette Histoire avec deux grands guitaristes Cacho Tiaro et Guy Lukowski . Ca se passait à Liège pour le Festival international de la guitare...
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